MILLE ET UNE NUITS DANS L'ART NAÏF

Dans l'art naïf, la couleur est une énergie vivante, et la lumière, un souffle d'émotion pure. Depuis le Douanier Rousseau, les naïfs s'accordent à peindre des paysages lumineux et colorés. Mais qu'en est-il de cette lumière dans la nuit ? De la façon dont elle émerge et de sa portée symbolique ? Espace d'évasion par excellence, la nuit est ce territoire où l'introspection se mêle à l'imaginaire, offrant un cadre idéal pour les contes et les récits. C’est dans cette obscurité que les créatures magiques prennent vie. C’est sous la lune que se révèlent les parts cachées de la psyché humaine. Parfois cauchemardesque, la nuit est un miroir de l'âme reflétant des préoccupations profondes et engagées. Sur le plan plastique, la lumière s’y fait fugitive, défiant les lois physiques et jaillissant là où on ne l'attend pas : du ciel, du sol, ou même des créatures fantastiques, créant une atmosphère magique, vibrante d’une étrange poésie.

Max Fourny, ancien pilote automobile devenu éditeur passionné de livres d'art naïf, a collectionné des œuvres d’art brut et naïf au fil de ses voyages. En 1986, il fonde la Halle Saint Pierre, un espace dédié à ces formes artistiques, avant de créer le MIDAN en 1973, dans sa maison de campagne. Aujourd’hui, plusieurs centaines de ses toiles sont encore conservées à la Halle Saint Pierre. Le MIDAN remercie Martine Lusardy, directrice de l’établissement parisien, pour avoir généreusement prêté 17 œuvres historiques de Max Fourny. Ces pièces précieuses enrichissent cette exposition, célébrant un héritage artistique unique.

L'exposition s'articule en quatre temps qui sont autant de modalités d'approcher le thème de la nuit et de ses évocations. Le premier moment de cette exposition, "Histoires étoilées", s'intéresse au conte comme genre intrinsèquement lié à la peinture naïve : textes religieux ou contes merveilleux de notre enfance, les récits dont s'emparent les artistes représentent de réels pré-textes qui font référence à un imaginaire commun. La salle suivante, consacrée à "La lumière dans la nuit" examine les conditions d'émergence de la lumière dans l'art naïf. Les sources lumineuses s'y avèrent souvent inattendues et instaurent une vivacité presque interactive au sein du tableau, à l'instar de la technique du fixé sous-verre, mise à l'honneur dans cette section. La troisième séquence, intitulée "Éveils nocturnes", vous plongera dans des tableaux qui associent la nuit au champ libre de l'imagination et de l'inconscient. Cependant, si le rêve trouve sa pleine place dans nos éveils ou veillées nocturnes, celles-ci donnent également à voir des pans plus sombres de notre psyché : dans "Cauchemars", la dernière section de l'exposition, l'obscurité des scènes représentées est moins celle de la nuit, que l'expression des angoisses des artistes naïfs à l'égard du monde contemporain.

Jusqu'au 31 août 2025. Réservez votre visite