Des milieux plutôt monotones des villes transformées en univers bariolés aux scènes joyeuses des fêtes de villages, les naïfs ont toujours réinventé l’habitat à l’aune de leur imaginaire. C’est de cette approche émerveillée de nos lieux de vie et, par extension, du vivre-ensemble, dont il est question dans l’exposition Naïfs des villes et des champs. A travers une sélection de 60 œuvres, l’exposition met en scène des créateurs en réaction face à une société moderne qu’ils jugent trop rationnelle. A rebours des pratiques actuelles, ces « peintres du cœur sacré » - comme les appelait le critique d’art Wilhelm Uhde au début du 20ème siècle - communiquent une philosophie de vie prônant la contemplation et le ralentissement. En quatre sections, cet accrochage explore tout à tour la propension des naïfs à faire de la rue un spectacle, leur engouement pour les festivités en tous genres, et leur créativité débordante, lorsqu’ils s’improvisent architectes visionnaires d’habitations tout droit sorties d’un conte fantastique. Sous couvert d’idéalisme, les naïfs interrogent nos rapports humains et nos rythmes de vie et de production. Ils invitent le regardeur à faire preuve de fraternité, à revoir ses priorités, ainsi qu’à trouver son bonheur dans des plaisirs simples. Véritables moralisateurs, ils font du superflu l’essentiel. Ils peignent des fêtes populaires (mariages, fêtes de village, promenades du dimanche) et des châteaux abracadabrants, des anges cohabitant avec les hommes, des trottoirs bleu mer et des ciels jaune poussin. Des villes aux campagnes, ces toiles sont autant de coups de projecteurs sur un mode de vie célébrant le vivant sous toutes ses formes. En présentant ces lieux de vie hors-norme dans l’écrin de verdure hors du temps qu’est l’ancienne maison de Max Fourny, le musée d’art naïf de Vicq propose un moment d’accalmie à quiconque franchira ses portes. Si cette exposition est en majeure partie composée d’œuvres issues de la donation principale du fondateur des lieux, de récents dons d’artistes reconnus (Fabienne Delacroix, Bernard Vercruyce) permettent au MIDAN d’apporter une nouvelle pierre au précieux édifice bâti par le critique d’art Max Fourny en 1973. |